Notre histoire
Un héritage riche
Dès la création du Laboratoire Central des Pont et Chaussées, une division “des sols et des pierres” a vu le jour. Les thématiques étudiées par les agents du LCPC ont tout de suite été dédiées aux aléas mettant en danger les usagers du réseau routier ou ses ouvrages.
Séparées en deux sections "ouvrages en terre" et "ouvrages d'art", cette division regroupait une quarantaine d'ingénieurs. Les travaux riches menés par ces pionniers ont permis d'élaborer la doctrine technique française en matière de reconnaissance des sols, conception des ouvrages et gestion des risques.
On peut citer les bases de données d'essais de fondations profondes élaborées par Michel Bustamante ou des fondations superficielles avec Samuel Amar et François Baguelin, tous les modes opératoires des essais géotechniques, etc. Ces derniers furent versés dans les premières normes d'essais et furent un apport essentiel à ces documents qui préparaient l'arrivée des Eurocodes.
En support du SETRA, la division a apporté la matière pour écrire les codes de calcul des ouvrages Fond 72, Mur73, fascicules 62 titre V par exemple.
Devenue division Mécanique des Sols, des Roches et de la Géologie de l'Ingénieur au sein du LCPC puis de l'IFSTTAR, puis laboratoire Sols Risques et Ouvrages Géotechniques en intégrant l'activité du laboratoire Séismes et Vibrations au sein de l'université Gustave Eiffel, notre laboratoire est l'héritier d'une longue histoire écrite par ces ingénieurs et ces chercheurs au service de l'action publique.
Quelques personnalités
Michel Bustamante est né à Pamiers le 19 décembre 1939, fils de Georgette Baudy-Peybernes, Ariégeoise de Foix et de Méliton Bustamante, espagnol arrivé en France avec sa famille en 1919 et qui combattra ensuite pour la République espagnole de 1936 à 1938, puis dans les rangs de la Résistance de 1941 à 1945. Il nous a quittés le 29 août 2024.
En 1951, sa famille est expulsée de France suite à l’engagement politique de son père, et s’installe en Pologne à Varsovie. Il suit toute sa scolarité avec Margaret Kwarciak, qui deviendra sa femme en 1972, jusqu’au baccalauréat passé en 1959, puis à l’école polytechnique de Varsovie jusqu’en 1965 où ils obtiennent leur diplôme d’ingénieur.
Il part ensuite travailler au Royaume-Uni à Cardiff, puis au Laboratoire central des ponts et chaussées (LCPC), boulevard Lefebvre à Paris à partir de 1968.
En 1980, il passe avec succès sa thèse de doctorat « Capacité d’ancrage et conception des tirants d’ancrage dans les argiles plastiques ».
Sous la direction de patrons bien connus de la profession, comme François Schlosser, François Baguelin, Jean-Pierre Magnan, Samuel Amar, Roger Frank, Serge Borel et Philippe Reiffsteck, avec deux collaborateurs aussi précieux que furent Luigi Gianeselli et Bernard Doix, il développe au département de Mécanique des sols et Fondations du LCPC la mise au point des essais de chargement de pieux et de tirants d’ancrage et leur exploitation, crée une base de données à partir de plus de 300 essais, valide des abaques de dimensionnement en termes de frottement et de pointe repris par le DTU 13.2, le fascicule 62 Titre V et le TA95, devenant l’expert incontesté de la profession dans ce domaine.
Son savoir-faire s’appuyait essentiellement sur sa présence en continu quasi systématiquement sur les chantiers lors des essais.
Expert de renommée internationale, Michel Bustamante a contribué de manière remarquable à faire connaître le savoir-faire français, à participer à la conception des fondations profondes de nombreux chantiers prestigieux en France et à l’étranger et à diffuser les résultats des recherches du LCPC, tant par ses prestations de conseil et l’enseignement qu’il a dispensé à l'ENPC, PFC et différentes écoles, que par sa cinquantaine de publications publiées dans des revues et conférences.
Les nombreux et multiples projets qui ont été abordés par son équipe attestent que Michel Bustamante possédait des qualités essentielles à un chercheur en géotechnique : le talent pour l’expérimentation, la passion de communiquer et d’enseigner, le sens de l’innovation, la capacité à diriger et motiver une équipe de recherche.
Il prend une retraite méritée en 2005, et devient ingénieur-conseil au sein de MB Consultant qu’il a fondé. Au moment de son départ à la retraite, il a également su transmettre aux plus jeunes la passion qui l'animait pour la poursuite de ses activités au sein de l'IFSTTAR, puis de l'université Gustave Eiffel.
Il quitte la région parisienne en 2009 pour s’installer à Foix, sa terre natale. Il y continue ses activités de consultant et participe à de nombreuses expertises, s’inscrit dans un club de tir, s’investit dans son rôle de grand-père de ses six petits-enfants nés des mariages de ses deux enfants Katia (née en 1971) et Pierre (né en 1977). Il arrête définitivement ses activités fin 2022.
Michel a toujours fait preuve d’un caractère attachant et c’était un vrai plaisir de travailler avec lui. Ses intérêts dépassaient largement le domaine de la géotechnique. Chaleureux dans son accueil, généreux dans la transmission de son expertise, il savait créer des relations fortes et attachantes. Il avait, sur de nombreux sujets historiques ou politiques, une connaissance approfondie qui rendait captivantes les discussions avec lui. Pour ses hautes qualités tant scientifiques qu’intellectuelles en général, nombreux sont ceux qui regretteront son absence.
Auteurs : Michel Glandy, Philippe Reiffsteck, Roger Frank, Serge Borel